Un peu avant l’été, Livios titrait que « Les Belges vivent sur un grand pied… (…) ». Autrement dit que la surface habitable ramenée au nombre d’habitants est disproportionnée, quasi le double de la moyenne européenne, un confort qui peut peser dans les postes énergie et entretien du budget des occupants.
Pourtant, il y a déjà 2 ans, Eric Cloes (Rédacteur en chef – Je vais construire) faisait remarquer que la taille des logements avait une forte tendance à diminuer : montant des loyers et des charges, coût d’une construction neuve, revenus disponibles ou encore un engagement durable obligent.
Alors qu’elles sont les alternatives ?
Architectes, promoteurs, designers, scientifiques se mobilisent, travaillent sur la question et innovent dans les techniques.
La plus petite maison
La plus petite maison est microscopique et … inhabitable. Elle est le fruit de la recherche de scientifiques français qui ont fait le choix de démontrer leur expertise en nanostructures sous une forme conventionnelle afin de ne pas en révéler leurs très stratégiques secrets. Des nanorobots ont découpé l’enveloppe, l’ont repliée et assemblée comme un origami pour lui donner son volume de 20µ (longueur) x 10µ (largeur) x 15µ (hauteur).
A défaut de servir au logement, cette technologie est loin d’être inutile pour la construction. Elle pourrait intervenir dans des capteurs, par exemple.
La Boîte & Co
Puisque les logements sont trop grands, on pourrait les partager. Vivent les co- … co-housing, co-working, les logements intergénérationnels, l’habitat groupé, kangorou, le bimby, …
Les solutions sont nombreuses :
- des plus conviviales → chacun sa chambre, séjour-cuisine-salle de bain en commun;
- aux plus extrêmes → le pod ou la boîte (bien que l’info ait été publiée chez nous un 1er avril, ce n'est pas un poisson !).
Le plus souvent, la cohabitation n’est plus le fait de la famille mais de pairs.
Lorsque les loyers sont inabordables, tout fait farine au moulin.
Certains vont jusqu'à sous-louer un espace (pas une chambre) dans leur appartement. L’heureux destinataire a la possibilité d’y installer une boîte qu’il aménagera avec le meilleur confort possible. C’est le cas de Peter Berkowitz qui, en 2016, payait 400 $/mois pour installer sa boîte en bois dans l’appart d’un copain à San Francisco. Attention, il ne se plaignait pas. C’était son choix et la solution lui convenait. Son logement, qui mesure +/- 2,40 x 0,90 m sur 1,20 m, lui a quand-même coûté 1300 $.
Certaines de ces boîtes sont même sur roulettes. Elles peuvent être installées dans des halls inoccupés pour des accueils éphémères d’urgence ou servir de logement temporaire à des professionnels en début de carrière comme l'organise la société de gestion immobilière Lowe Guardians dans le cadre de son projet « The SHED Project ». Vous constaterez que le niveau de finition est nettement supérieur.
Et dans les versions insolites, n’oublions pas de citer la dernière création d’un malletier bordelais, Ephtée. Le studio qu’il a conçu se range entièrement dans une malle, haut de gamme naturellement.
Un studio... dans une malle #batiactu https://t.co/6TXCX2QzLO
— femme et lyonnaise (@stephanielyon69) 28 mars 2018
Le co-housing n’est pas sans intérêt financier pour les promoteurs immobiliers et investisseurs. Le besoin devient tendance et en vient à viser le haut de gamme, à l’exemple de cet immeuble londonien de 10 étages consacré à la colocation et ses services. Les loyers y varient de +/- 950 à 1570 €/mois (tout compris) pour les plus grandes chambres.
Cette formule rencontre un engouement certain et les réalisations se multiplient à l'international, à Bruxelles aussi. CoLiving Brussels et, à Molenbeek, l’immobilière Urbani avec son projet « L'îlot Picard » mêlent co-housing et habitat groupé.
Les greffons
A la différence des projets précédents qui créent une bulle privée dans un espace intérieur, ceux-ci viennent avec un volume additionnel extérieur tout en exploitant les ressources intérieures. Ils sont d’ailleurs qualifiés d’ « architecture parasite ». Pour les interventions les plus autonomes, le bâti existant sert simplement de support. Du plus petit au plus grand, ils s’accrochent aux façades, se posent sur les toits ou encore se suspendent. Dezeen a rassemblé plusieurs projets sous un Tag. Explorez-les.
Mais si vous préférez une version vidéo, We Demain y fait la synthèse d’un article de son numéro d’été.
... A suivre ...
Sources :
- « Les Belges vivent sur un grand pied… et gaspillent beaucoup d’énergie », Jolijn Vandebeek, 18/06/18, www.livios.be
- « La taille des logements décroît à une cadence élevée et il est grand temps de réfléchir aux incidences de cette évolution », Eric Cloes, www.jevaisconstruire.be
- « La plus petite maison du monde est française (et microscopique) », 04/06/2018, www.batiactu.com
- « San Francisco Newcomer Pays $400 Rent To Live In A Box In Friend’s Apartment », 29/03/2016, sanfrancisco.cbslocal.com
- « Crise du logement: il installe une chambre-boîte dans le salon d'un ami », C.B., 01/04/2016, www.lalibre.be
- « The SHED Project offers micro-homes inside vacant London properties », Calum Lindsay, 21/08/2017, www.dezeen.com
- « Insolite : Un studio dans une malle », VM, 15/01/2018, www.maisonapart.com
- www.ephtee.com
- « À Londres, la plus grande coloc' du monde (vidéo) », 18/10/17, trends.levif.be
- www.urbani-picard.be
- www.coliving.be
- « Why are designers creating parasite architecture ? », Andrea Lo (CNN), 13/10/2017, edition.cnn.com
- inhabitat.com
- « Des micro-quartiers suspendus aux façades d’immeubles pour loger les sans-abris », Sofia Colla, 29/11/2017, www.wedemain.fr
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