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Même si le virtuel séduit les foules, il faut bien reconnaître qu’il peut encore mieux faire, notamment au niveau confort et perception des utilisateurs. Il peut aussi nous réserver des surprises dans ses développements à venir.

En toute innocuité ?

Supposant que vous avez déjà connexion, ordinateur & co, aujourd’hui, l’accessoire minimum pour accéder à ce monde est un casque de réalité virtuelle. Mark Zuckerberg vient d’ailleurs de présenter 4 prototypes de casques conçus à des fins de recherche pour optimiser le réalisme de l’expérience. Des équipements complémentaires bardés de capteurs et de caméras tel que le gant haptique sont disponibles pour augmenter la sensation d’action et d’immersion. Ce matériel ne cesse de se compléter et d’évoluer. Mais il reste encore lourd et trop inconfortable que pour être porté sur une longue durée. Des effets secondaires existent : nausée, migraine, …

La question de problèmes éventuels de santé s’est posée. En France, un groupe de travail interdisciplinaire organisé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) s’est penché sur le sujet et édité un rapport en juin 2021 que vous pouvez consulter sur leur site (www.anses.fr). Il montre que, si parfois les données d’études font encore défaut, les répercussions de la réalité virtuelle ne sont pas anodines.

Les experts ont émis des recommandations en fonction des 3 types de problèmes décelés :

L’Université de Santa Cruz en Californie a publié l’année passée une étude sur la modification de la perception temporelle dans le monde virtuel, autrement dit, les utilisateurs y perdent la notion du temps. La compression du temps n’est pas nécessairement un effet indésirable. Il pourrait être utilisé pour faire passer plus en douceur des séquences fastidieuses en thérapie médicale ou des formations.

D’autres freins ?

Le secteur de la construction a toujours été réputé pour être à la traîne en matière de digitalisation. Ah … ces freins au changement ! L’importance des enjeux, l’augmentation de la pression (marché, clients, réglementation, …), la crise sanitaire ont fait enfin évoluer la situation dans le bon sens.

Un exemple ? Le CSTC a organisé, en partenariat avec la Confédération Construction, une journée de conférence « Digital Construction Day ». Au vu du succès rencontré, ils ont décidé de renouveler l’expérience. Une autre session est programmée le mercredi 28 septembre 2022 (les inscriptions sont ouvertes). Des entrepreneurs exposeront des situations rencontrées sur le terrain en parallèle avec les bénéfices qu’ils ont tiré de la digitalisation dans le processus du chantier devenu plus sûr et plus rentable (préparation, accompagnement, monitoring, collecte de données).

Si certains commencent modestement avec un logiciel de devis voire de facturation, d’autres en ont fait leur priorité et s’engagent dans le processus BIM. Bien conscients que la survie de leurs activités en dépend, ils sont prêts à s’investir dans la démarche et l’effort considérable qui l’accompagne. La gestion traditionnelle d’un bureau y est toute chamboulée : acquisition des équipements et logiciels, formation des ressources humaines, révision des processus organisationnels et collaboratifs, … Les majors, qu’ils soient concepteurs ou constructeurs et souvent travaillent à l’international, en sont convaincus depuis longtemps. Bien engagés dans le processus (création, gestion de projet, formation, ...), ils ont saisi tout l’intérêt de la digitalisation et, surtout, disposent des ressources pour la mettre en œuvre.

Maquette numérique 3D (BIM), réalités augmentée et virtuelle et même intelligence artificielle font désormais partie de leur quotidien, associées d’autres nouvelles technologies telles que la robotisation, l’impression 3D, … Interagir dans un métavers ne les étonnera donc pas. Au contraire, ils perçoivent tout le bénéfice qu’ils peuvent en tirer : création optimalisée, présentations immersives et ludiques, compétitivité améliorée, …

D’autres acteurs du secteur sont concernés à des degrés divers comme, et entre autres, les notaires, les agents immobiliers, les services d’urbanisme, …

Bien sûr, il reste des freins en matière de réglementation, de définition des responsabilités, de consommation énergétique, de bulle spéculative, de protection et gestion des données, … Difficile pourtant de croire encore aujourd’hui à l’avenir du secteur sans numérique. Peu à peu, réglementation et jurisprudence se mettront en place, la R&D améliorera les équipements et d’autres innovations nous surprendront pour connecter la construction au futur. 

Et la formation ?

Inutile de vous faire un dessin, vous l’avez compris, la formation est impactée tant dans son offre que dans ses méthodes pédagogiques.

Un exemple ? LEARNMEUP a remporté récemment la médaille d’or dans la catégorie « Formations et services » des Awards de l’Innovation du Mondial du Bâtiment 2022 (France) pour une solution immersive de formation dans le domaine du chauffage et de la climatisation, autrement dit en réalité virtuelle. Même concours autre exemple, catégorie « Construction Tech ». Leica a développé un laser autonome compatible avec un robot tel que Spot de Boston Dynamics dont il peut prendre les commandes pour réaliser la numérisation souhaitée. Sa programmation s’effectue à distance, notamment à partir d’une maquette BIM. Un peu de formation en support ne sera peut-être pas de refus ?

Dans des métiers dits traditionnels, les professionnels doivent acquérir de nouvelles compétences, apprendre à tirer parti d’autres outils (tablettes, lunettes AR, …). Des métiers inattendus émergent, nous l’avons vu avec le BIM. Quid de l’emploi dans les métavers ? Seront-ils à l’origine de spécialisations que nous ne pouvons appréhender aujourd’hui ?

N’oublions pas que les formateurs devront eux-mêmes se former aux nouveaux modes d’apprentissage.

Certains acteurs / travailleurs du bâtiment peuvent voir dans la digitalisation l’ouverture sur une reconversion :

Actualiser l’offre de formation, la faire évoluer vers une nouvelle dynamique fait partie des défis à relever par le secteur pour participer à la création d’un monde virtuel bien réel et très actif.

 

Le bâti de demain, réel ou virtuel, et les métiers grandiront en synergie. De là à penser que les nouvelles technologies vont faire disparaître le maçon comme la machine à laver a effacé la lavandière, il y a encore une petite marge, non ? 

 

Lire aussi : « Le maçon de demain sera-t-il virtuel – La révolution (1/2) »

 

 

Sources :
- « Metaverse : tout savoir sur cet univers virtuel qui attire les géants de la tech », Appoline Reisacher, 30/09/2021, www.blogdumoderateur.com
- « Architecting the Metaverse », Chloe Sun, 23/09/2021, www.archdaily.com
- « Le numérique séduit de plus en plus de TPE-PME... sauf dans la construction », Corentin Patrigeon, 20/10/2021, www.batiactu.com 
- « Democratizing Reality: Designing for VR, AR and the Metaverse », Eric Baldwin, 30/06/2022, www.archdaily.com 
- « Mark Zuckerberg reveals 4 of meta's prototype VR headsets in new video », Lynne Myers, 21/06/2022, www.designboom.com
- « Optique, écrans, capteurs... Les obstacles à lever dans le matériel pour faire du metaverse une réalité », Ridha Loukil, 30/11/2021, www.usinenouvelle.com
 - « Réalité augmentée, réalité virtuelle : quels risques pour la santé ? », The Conversation, 04/01/2022, www.wedemain.fr
 - « La réalité virtuelle perturbe notre notion du temps », Edward Back (Journaliste hi-tech), 18/05/2021, www.futura-sciences.com
www.digitalconstructionbrussels.be
- « Secteur du BTP : la digitalisation est en marche ! », Hugo Soyer, 31/05/2022, www.buzzwebzine.fr
- « Comment le Web3 va-t-il transformer l’immobilier ? », Vincent Lecamus, 11/02/2022, immo2.pro
- « Le Palmarès des Awards de l’Innovation du Mondial du Bâtiment pousse le réemploi », Batirama, 05/07/2022, www.batirama.com
- learnmeup.fr
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