De nombreuses informations sur le photovoltaïque circulent et amènent leur lot de réflexions.
Le marché du photovoltaïque a déjà dû faire face à de nombreuses tempêtes : montages financiers douteux, dumping, faillites, choix politiques, effets d’annonce, jeux de certificats, taxation potentielle, … Cette fois, c’est un Arrêté qui est au cœur de la polémique.
Gregory Neubourg (Renouvelle) signale qu'un nouvel Arrêté a été adopté en Région bruxelloise, le 17 décembre 2015, concernant la promotion de l’électricité verte et de citer : « Pour le photovoltaïque, le texte confirme la disparition à Bruxelles du principe de la compensation : le compteur ‘qui tourne à l’envers’ s’arrêtera pour tous au plus tard en 2018. ».
L’objectif des législateurs est d’inciter ceux qui sont considérés comme des « pro summer » à consommer leur électricité lorsqu’elle est produite (consommation instantanée) ou d’en assurer eux-mêmes le stockage (actuellement, il se fait sur le réseau lorsque le compteur tourne à l'envers). Pourquoi ?
- Les frais de maintenance sont constants et facturés par kWh consommés. Celui qui produit son électricité n'intervient pas/peu dans ces frais. Ils sont pris en charge par les consommateurs traditionnels qui paient d'autant plus cher leur électricité.
- La gestion intelligente du réseau devient plus complexe car elle doit tenir compte de la production non consommée des "pro summer".
De nombreuses interrogations émergent.
Le site Renouvelle fait état d’un marché timide en 2015 : « Le marché belge survit grâce au placement de petits systèmes. ». Mais, avec cette décision, qu’en sera-t-il en 2016 ? Un Arrêté similaire pourrait-il également être adopté en Wallonie ? Vu la versatilité réglementaire, qui osera encore se fier à un calcul de rentabilité d’investissement ?
Au niveau du stockage, comment les producteurs vont-ils stocker l’électricité ? De jour à nuit ? De saison à saison ? Une voiture électrique pourrait-elle servir de stockage temporaire ? Quel rapport de cause à effet avec l’annonce des batteries domestiques ? Si le particulier ne stocke pas son électricité, risque-t-il de la payer lorsqu'il ne produit pas ? En-dehors de sa consommation instantanée, perd-il sa production ?
Quelle(s) solution(s) les gestionnaires réseaux adopteront-ils pour compenser leur manque à gagner ? Les appareils de comptage intelligents seront-ils de la partie ?
A l’avenir, un engagement citoyen durable restera-t-il une motivation suffisante ?
Vu les différences saisonnières, le solaire thermique ne devient-il pas plus intéressant ?
Globalement, les petits producteurs sont-ils à négliger pour atteindre les objectifs européens (moins 20 % CO2, 20 % énergie renouvelable produite et plus 20 % efficacité énergétique) ? Et si les producteurs se déconnectaient du réseau, que se passerait-il ?
Sources :
- « L’électricité verte change de cadre à Bruxelles », Gregory Neubourg, 09/02/2016, www.renouvelle.be
- « Le photovoltaïque en 2015 : production record, marché timide », Michel HUART, Gregory NEUBOURG, Benjamin WILKIN, 03/02/2016, www.renouvelle.be
- « Une nouvelle tarification des réseaux énergétiques », Axel Gautier, Professeur à l'Université de Liège, 22/02/16 10:02 (Mise à jour à 10:08), www.levif.be
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