Science_Students_Icon_by_Icons8Une école bruxelloise qui s’est construite par à-coups et parfois de bric et de broc suivant les besoins,
Plus de 30 permis d’urbanisme en 100 ans en témoignent,
Des frais de chauffage qui consomment la moitié du budget de fonctionnement,
Une violence endémique qui augmente avec la population,
Un besoin criant de surfaces habitables supplémentaires,


... autant de raisons qui poussent la direction à souhaiter un programme d’aménagement et d’investissement sur 15 ans. Elle fait appel à l’Architecte Pierre Somers du bureau TRAIT norrenberg & somers à Bruxelles.


Somers_ecole_passive_IMMI_3_implantationEn 2005, l’accord sur la demande permis d’urbanisme introduite un an plus tôt arrive enfin. Le projet, évolutif, intègre la vision à long terme de l’aménagement du terrain : une occupation optimalisée du sol, la cohérence des circulations, des espaces de détente augmentés, une verdurisation du site, ...

Le permis prévoit, entre autre, la construction d’un R+2 (1500 m² - cafétéria avec cuisines et sanitaires au rez, 5 classes polyvalentes et modulables par étage). Un tel parti rentabilise la surface occupée au sol tout en gardant une dimension humaine, autorise la compacité favorable aux bâtiments économes en énergie et permet de limiter le nombre de constructions et, par là même, les ombres portées sur l’ensemble du site.

Le marché public de travaux est lancé pour un bâtiment basse énergie. Des compléments sont prévus en option pour atteindre le standard passif : suppression du chauffage traditionnel, ventilation double flux, accroissement de la protection solaire et surépaisseur d’isolants. La différence de prix finale est gérable (+/- 10 %), soit un coût total de 1180€/m² tout fini, ce qui reste bien inférieur à la limite maximum pour une construction scolaire à l’époque.

Somers_ecole_passive_IMMI_3_facadeLe choix est fait. Pour le maître de l’ouvrage, l’entrepreneur et l’architecte, c’est une première expérience en passif alors qu’il est encore fortement associé à la maison unifamiliale. Dans le chef du maître de l’ouvrage, la cible de la construction passive concerne essentiellement la réduction de la consommation en chauffage et pas la consommation en énergie primaire ou la gestion de la surchauffe.

Un projet riche en enseignements comme en témoigne l’Architecte.

 


Somers_ecole_passive_IMMI_3_facade_contre-plongeeLa pédagogie

L’approche de cette première expérience passive a volontairement été didactique : détails techniques nombreux avec différentes couleurs selon les étapes de la construction, étanchéité à l’air de l’enveloppe soulignée par un trait rouge sur les plans, limite extérieure de l’isolant tracée en bleu …

Cette méthode permet aux concepteurs de transmettre avec précision les informations spécifiques à l’entrepreneur et les aide à bien comprendre sur plan ce qui doit être réalisé pour anticiper des problèmes sur chantier et éviter qu’ils soient non récupérables.

 


La maîtrise du budget

Les entreprises de construction régionales ont l’habitude de travailler avec du béton et des blocs béton. Elles en maîtrisent les techniques et leurs prix sont adaptés. Par contre, elles font appel à la sous-traitance pour tout le travail du bois, un matériau dont le prix est très volatil.

Somers_ecole_passive_IMMI_3_facade_avantLa maîtrise du budget passe par la valorisation des compétences et traditions. La solution finale est un bâtiment mixte. Sa structure intérieure sera lourde : colonnes, voiles, planchers en béton, murs intérieurs en blocs béton. Seule l’enveloppe extérieure sera en ossature bois avec des caissons remplis d’ouate de cellulose. La structure intérieure lourde est non seulement un choix budgétaire, mais il apporte aussi une très bonne inertie thermique et une isolation acoustique.

Pour les bardages, l’Architecte aurait souhaité utiliser un bois local (mélèze ou douglas), il s’avère que l’afzelia était moins cher. Les bardages seront donc en afzelia.

Un exercice difficile et plein de compromis que la maîtrise du coût !

 


La VMC

Le projet initial était basse énergie, avec ventilation de type A. Intégrer a posteriori une ventilation double flux dans un projet n’est pas une sinécure.

Les composants d’une ventilation double flux, comme le dit l’Architecte, c’est gigantesque ! L’encombrement des gaines est important et leur diamètre ne peut être trop réduit au risque de provoquer des nuisances acoustiques. Disposer d’un local technique plus grand aurait été bienvenu. Comme il est situé en toiture, l’idée d’un puits canadien doit être abandonnée faute de place pour la gaine.

Somers_ecole_passive_IMMI_3_classeLa ventilation assure aussi le chauffage dans l’école à la grande satisfaction du directeur qui ne retrouve plus au retour d’un week-end, les radiateurs décrochés et les classes sous eau. Le vandalisme est une donnée qu’il ne faut surtout pas négliger en milieu scolaire.

La ventilation double flux est la principale révolution du mode de construire et d’habiter dans nos écoles. Le choix du type de gestion est capital et doit rester le plus simple possible. Dans ce cas-ci, une gestion centralisée ambitieuse a été placée, mais elle dépasse la capacité de mise au point par les installateurs et la compréhension des utilisateurs. Elle est finalement adaptée et réduite.

 


L’étanchéité à l’air

Pour une première expérience, l’entrepreneur se débrouille pas mal avec l’étanchéité à l’air. Lors des tests intermédiaires, il atteint 0,75 pour le renouvellement d’air. Le travail est presque terminé. Trop confiant, il néglige les détails et commence les finitions. Mal lui en prend, il aura les pires difficultés à atteindre le seuil imposé de 0,6.

Somers_ecole_passive_IMMI_3_circulation_couloirLa leçon que l’Architecte en tire ? Tant que le niveau d’étanchéité à l’air total n’est pas achevé et testé, tant que l’objectif n’est pas atteint, il ne faut pas autoriser à commencer les finitions.

Deux autres points d’attention qu’il a noté : la qualité des panneaux OSB qui ne sont pas toujours aussi étanches à l’air qu’annoncé et les trous de fixation des coffrages qu’il ne faut pas oublier de reboucher.


A suivre ...

 

 


Source : « 48H pour être passif », journée de conférences dans le cadre du projet Greenov, organisée par le Cluster Eco-construction, 22/05/2014, Beez  - Compte rendu partiel de la présentation de Monsieur Pierre Somers, Architecte, www.trait-architects.eu
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Source des autres illlustrations : Architecte Pierre Somers du bureau TRAIT norrenberg & somers (Bruxelles)